L'essaim pliant du champ secret
Ce matin l'essaim à quitter le logis pour s'envoler vers un autre pays. De Kergus à la Bergerie, elles partent m'ont-t-elles confiè, assister à la conférence de l'historien Guy Avizou "Résister dans la France occupée, quelques itinéraires de résistants". Ces abeilles là résistent, croyez moi, leur survie dans un environnement si hostile en est la preuve. Elles vous apportent un témoignage d'espoir et de fraternité de Bretagne.
Il faut
Il faut
Il faut que nature plie un peu
que pleure le fauve de l'automne
que Judée se noie en Jourdain
Il faut que nature souffre un peu
que gèle l'arrondi de la margelle
qu'en procession le glacis s'incline
Il faut que nature rage un peu
que craquelle la terre tourmentée
que Thyphon s'épuise sur l'Olympe
Il faut que nature bourdonne à nouveau
que l'oiseau fabuleux se teinte de pourpre
que murmurent les saules doux pensants
Scarlett3
Dit à l'ogre
Certains poèmes
sont des trous noirs
d’autres des miroirs
d’autres des cellules
photovoltaïques
Parlure
Nous marcherons avec notre silence
Nous garderons le silence dans les conversations
Nous parlerons mais d'autre monde
Nous entendrons, mais d'autres voix
Nous serons, mais différents
Nous marcherons sur le même chemin
même lieu, même pierres sous le pas, même souffles des branches
mais en silence, chaque fois
Entourés de doubles, d'habitudes, de promenades accoutumées
Nous marcherons sur le même chemin
et nos ombres aux ombres enlacées chercheront leurs formes
Toi mon poète, ma mémoire
Toi, mon fou dans la colline
Toi ma tête étonnée
Toi l'image devenue souvenir
Poète qui m'encombres et me guides
J'entends les poings sur les oreilles
La parlure et le manque
dialogue fort du silence.
© JPR
Parlure dialogue avec nos silences, entre les mots, les poèmes, entre les murmures
Fin des Dialogues pour cette fois. Septembre, nouvelle proposition, très différente. Amitiés à toutes et à tous. Désormais les Dialogues s'entendront au Festival Pliant.
Fragments
Lèvres lentes
hantent
le silence des pierres
Hier
***
Justesse
de suspens
tresse
vos pans
de toile
ou d'étoiles
Voile
***
T'imagines leurs corps
sous des dehors
discrets
Tu crées
© Michel B.
Un salut de Michel, depuis le puits4, aux poètes des Dialogues
Bibliothèque des rêves
Bibliothèque des rêves
Un plongeon piqué dans la Loire
Dissolution dans le néant à bulles
Plongée dans un fleuve boueux
Menottes végétales aux chevilles
Comment expier mon crime
Maison délabrée sous la lune voilée
La chouette s’effraie de son cri
Un vieillard en loques ensanglanté
Entre dans ma chambre décrépite
Comment exorciser mon crime
Scènes de meurtre dans le désert
La mariée en pantalon noir
La main est séparée du mort
Orbite abrasée par le sable
Comment dissimuler mon crime
Tango
...
Assassinée parce que de sang bleu
Je suis morte et ma mère ne pleure pas
Ma tête sous le bras, je vole
La mort en son château,
Pas de tombe pour Yseult
Comment léguer mon crime
Menuet
Clap de fin
© Fanfan@94 et ©Scarlett3
Rebonds : « Au chat qui pense », « La fille de l’ennemi public numéro 1 », « fin des dialogues » de Raffel
J'ai une araignée au plafond
J’ai une araignée au plafond
Dès le premier jour, au premier grattement
On s’est plutôt bien entendues
Elle prend des mots dans sa toile
Chaque soir, elle m’en lance un,
Je l’attrape au vol
Tenez lundi dernier,
« Galimafrée ! » me gourmandille-t-elle
La mouche n’était pas assez juteuse
Trop véreuse sans doute
Pour ma vétilleuse amie
Et mardi donc :
« Lésineuse ! » gouaille-t-elle
Le moucheron est anorexique
Faudrait-il que je rabatte
De la drosophile pour elle
Tissant mon fil de pêche ?
Mercredi, elle me jette « demi-passion »
Avec quelques gracieusetés tout de même
Mais dès le Jeudi, recroquevillée,
Elle se diagnostique une : « acédie torpide »
Ah ! les affres de la vie à deux
Elle s’afflige car je rentre tard
Et je me la sors de la tête
Vendredi est à la « billebaude »
Le désordre, le « tabut » crie-t-elle
Lui font danser la gigue sur un fil
Suspendue par une patte
Je maille vite un filet de secours
Pour satisfaire sa fièvre,
Elle ordonne un amusoir
Chaque premier samedi du mois
Quel vertigo est-ce donc là,
Belle arachnéenne ?
Et dimanche, la voici qui se lève
« A la venvole, murmure-t-elle,
Je vais m’acagnarder dans ton fauteuil
Peut-être m’accointer avec une semblable
Galantiser une coquette
Qui ne troussera pas bagage comme toi »
J’ai une araignée au plafond
Qui a attrapé au vol les mots oubliés
Des fantômes centenaires de ma maison
Et je suis prise dans sa toile
Roulée dans son cocon de balivernes !
©Scarlett3
Dialogue avec « Mon frigidaire et moi », « Parlure »
Barrons-nous
Barrons-nous tout azimut
Cognons double uppercut
Cognons les trognes hilares
Des bourgeois ventripotents
Mercantiles creux du dedans.
Et par un cri plus grand
Que nos bouches écorchées,
Hurlons les mots rebelles
Par tous les pores de nos peaux,
Crachons l’écume de nos rages
Ressac aux limons sauvages.
Sur toutes peaux en oripeaux,
Gravons les mots en résistance
Les rimes en transe enguenillées
A nos crinières en liberté.
Au grand brame du cerf en rut,
Barrons-nous tout azimut,
Clouons au poteau les barbares
Les charognards rognant nos ailes.
Et que brûlent les urubus
Au totem de la bohème.
Et dans un tohu-bohu de tous les ramdams
Frappons le soleil au tam-tam de nos mains.
@ Mich’ Elle Grenier
En écho à je barre de Scarlett