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Dialogues dans les Bordures
11 avril 2014

Je barre

Je barre

Au milieu de nulle part,

Sans azimut, sans cap,

Sous le grain qui noie mes larmes

Au centre de l’amnios originel

Autour de moi le cercle horizonnant

Voguant à couple, encerclant ma dérive

Cette étendue maritime sera mon arène,

Mon éternité, ma mante aqueuse

 

Je barre

Seule au cœur de l’océan d’écume

Qui me gifle, me ballotte, et m’attire

Colère des divinités marines

Contre mes semblables qui les souillent

Il me précède, me poursuit, et m’enlace,

Il m’entraine vers le grand large ultime

Où se joue le combat des géants des abysses

Charybde et Scylla, je vous connais déjà

 

Je barre

Avec la rage impuissante de David

Tel un Jonas sans dieu ni pardon

Armée de Goliaths  je vous hais et je barre

Léviathans fossoyeurs des fonds et des rivages

Je fuis vos côtes avachies de corps épuisés

Couronnement de faux couples échoués

Déferlantes migrations de corps morts avachis

Lambeaux de vie s’accouplant sur la scène estivale

 

Je barre,

En fuite d’humanité déshonorée

De ses immondices, ses montagnes matérielles

Rouillant éviscérées en décharges côtières

Je lève l’ancre en bras d’honneur

Je mets le grappin sur le grand large

Voyage au long cours sans retour

Une bordée d’injures au zénith sali

Je m’effondre en ruine sous le hauban

 

Je barre

Vos prés sont les charniers de votre boulimie barbare

Mon seul maroquin sera le pont de mon rafiot

Mon beaupré pour seul apôtre

Mon amure écartant l’amer qui vous ronge

J’en appelle aux points cardinaux  pour une mer d’oubli

Les hurlants en écho entre mes tempes battantes

Ma ligne de mer en crêtes de désespérance

Ah ! Je vous prie d’agréer... toutes mes gémonies

 

Je barre surtout

Loin de ton pavillon de complaisance

De tes arrogances pitoyables pintées chaque soir

De notre embarcation naufragée de tant d’orages

De tes outrances et tes bourrasques, de tes outrages

De ton arsenal de faux semblants érigé en art

J’en abats le pavois, je le piétine,

Affalée de rêves en faillite, vidée de toute foi,

Amirale d’une carcasse à la dérive

 

Je barre surtout

Harponnée de désespérance abyssale

Les tripes rongées jusqu’à trinquette

Abreuvée du dégoût de toi jusqu’à ta lie

Saoulée de ta veulerie portée en étendard

Je te laisse Narcisse, j'épouse Poséidon

Ma ligne de vie repasse en déferlante

Le brisant  des flots est mon couronnement ultime

L’horizon des fonds sera mon gite sépulcral.

 

©Scarlett3

Rebonds : Si nous tuons la terre, Prévert, Sable

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Commentaires
S
souffle ivre de colère tout azimut, les trognes hilares laissées à quai. La bohème apaise. Cela n'a pas de prix.
P
Bravo Scarlett , le bateau ivre de Rimbaud n' a rien à envier à je barre.
P
Je me barre tout azimut<br /> <br /> Un bras d'honneur un uppercut<br /> <br /> Cogne les trognes hilares <br /> <br /> Des bourgeois ventripotents<br /> <br /> Les mercantiles creux du dedans.
J
Salut, poète Scarlett!
A
Colère en poésie. Poème qui décoiffe les mises en plis.
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